L'Ordre des Flammes
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Message par Etherna Thus-tal-Al'Shar Sam 1 Aoû - 0:42


La première vidéo est à démarrer en même temps que la seconde.





LE CADRAN



7 heures. 43 minutes. 39 secondes.


Le tic puis le tac du pendule.

Il oscillait dans le calme pesant. La lenteur du rythme, malgré tout, et pourtant frénétique de toujours tinter à la même cadence. Un mécanisme parfaitement rôdé, en phase avec le temps qui passe et s'écoule. Parfois le métal vétuste du balancier venait, par reflet, scintiller davantage que la fenêtre avec son extérieur miroitaient en l'extrémité du "tic". Effacé dans le cheminement du "tac", par l'entre-jour étrange, d'un coin de cette salle, qui voulait de lui-seul, gober le reste de luminosité persistante.

7 heures. 43 minutes. 54 secondes.

L'horloge murale se voulait suspendue à peine plus haut que la tête d'un homme. En un peu d'effort à lever les bras, elle aurait été tôt faite de résider dans les mains. Peu d'effort tout aussi utilisé pour quiconque l'avait fixé ici. Facilité de mirer : il ne fallait pas plus que lorgner pour attester de l'heure.

7 heures. 44 minutes. 2 secondes.

Une cheminée de pierre, comme un appendice du mur le plus grand, à vouloir sortir de ce dernier pour se démarquer, ne plus faire qu'un, étirée. L'âtre large, la gueule béante, mais le noir inanimé, froid. Le dépôt des cendres, anciennes braises, consumé depuis bien trop longtemps.

7 heures. 44 minutes. 13 secondes.

Une table basse, de bois, devant. Les pieds recourbés et ronds pour le style. Ébréchée ici où là. Écaillée et parfois terne. La poussière tamisait la couleur première du matériau.

Tout proche et agencé premièrement pour profiter de la chaleur, un fauteuil, confortable aux coussins moelleux, verts. L'armature en bois, elle aussi. Des accoudoirs tendres, complices du lecteur et à ses petits soins pour son aise. Lecteur il n'était en ce jour, ni les précédents.

Il était assis au plus profond de ce fauteuil, le dos plaqué à commencer de se noyer dans la mollesse du mobilier. La nuque bien appuyée et l'arrière de la tête apposée contre la repose. Les bras sur ceux du fauteuil. Les mains accrochées par les doigts contre la partie verticale et finale des accotoirs.

7 heures. 44 minutes. 27 secondes.

Le centre de son attention visuelle était unique : Le cadran.

Ses paupières étaient un tout petit peu moins ouvertes que d'un plein éveil. De plus, cela aurait été de la nonchalance, à l'exact présent de l'inexpressivité. C'était un ensemble tout aussi complexe que la mécanique faisant face qu'il devait appréhender. L'une ou l'autre des aiguilles importaient peu, au final.

7 heures. 44 minutes. 35 secondes.

La paix tangible avait beaucoup à avoir de son comportement, tout aussi écrasant. Pourtant, sauf de quelques clignements pour humidifier son regard, il était d'une parfaite immobilité. La respiration se voulait digne d'une transe méditative confirmée. Le souffle lent, constant d'inspirations et d'expirations comme l'archet parcourt sans discontinuité les cordes du violon. Pas le temps d'un arrêt, ni celui d'une latence : De la persistance.

Il n'était pas ailleurs mais bien présent. Il n'était pas penseur mais paraissait passif. Il était un acteur virulent et d'une grande volonté...

7 heures. 44 minutes. 41 secondes.

Le temps n'était pas des plus beaux en extérieur et pourtant, le filet lumineux qui s'infiltrait dans la pièce dévoilait les particules à voleter dans ce ballet aérien. Ça n'était pas l'été - quelles étaient les saisons d'ailleurs ? - mais la poussière ambiante se laissait voir parfaitement.

Il était une pièce presque figée, dans un décor en mouvement.

7 heures. 44 minutes. 46 secondes.

Le fer du médaillon avait été noirci pour le feu, cabossé par quelques impacts, rayés de quelques coups. Jamais les maillons n'avaient cédé. Déposé sur le rebord haut de la cheminée, à côté de plusieurs cadres illisibles et petits, il trouvait presque sa place.

7 heures. 44 minutes. 52 secondes.

La toile venait d'être comprise. Celle ambiante. La prendre dans sa plus naturelle grandeur relevait d'autres compétences et d'un insurmontable.

Son regard ne s'était toujours pas départi. C'était comme attendre le bon moment, sans pour autant en connaître l'heure précise. Elle pouvait venir d'une minute à l'autre, mais son approche était fatidique.

Pas une once d'enthousiasme, c'était plus grave que ça encore.

7 heures. 44 minutes. 5- secondes.

7 heures. 44 minutes. 59 secondes.

7 heures. 4- minutes...

7 heures. 4- minutes...

...

7 heures. 44 minutes. 59 secondes.


Les aiguilles avaient perdu de leur vitalité. Freinées par l'extinction subite mais lente des mécanismes. Arrachées dans la continuité du cycle pour l'arrêt.

Le balancier, en le plein milieu de son centre de gravité. Rien ni personne ne lui annonçant de continuer. Rien ni personne pour le brusquer afin qu'il reprenne.

C'était la mort d'un mécanisme. La mort de repères. La mort d'un temps.


Sa respiration était toujours aussi lente.

La poussière avait cessé sa circulation.





Le sang commençait de ruisseler de son œil droit pour tracer un sillon sur sa joue...
Etherna Thus-tal-Al'Shar
Etherna Thus-tal-Al'Shar

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Date d'inscription : 04/04/2017

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